Je ne peux répondre qu’en mon nom, à la question de savoir ce qu’est la biodynamie. Plusieurs définitions sont possibles. C’est un mouvement en pleine évolution et ses acteurs ne sont pas engagés dans une identité de pratiques. C’est une question d’interprétation, d’adaptation, et tout ça est largement soumis à une progression des mentalités. Donc même s’il y a une explosion actuelle de l’adhésion des viticulteurs et des consommateurs à la biodynamie, on est encore dans le domaine des langages singuliers.
À Fonroque et à Mazeyres, la biodynamie c’est la mise en œuvre d’un outillage expérimental grâce auquel nous accompagnons les phénomènes naturels pour en extraire les résultats les plus convaincants en matière de résistance aux maladies, en matière d’accompagnement des processus de croissance et en matière de qualité.
Nous savons que la nature s’exprime dans les interactions et notre but est de prendre en considération tous les acteurs de cette conversation naturelle. Le sol, la plante, les personnes qui travaillent sur les lieux et l’environnement du plus proche au plus lointain, tout compte et entre dans le « corps » du projet. Donc nous sommes très attentifs, très concertés, nous ne sous-estimons aucun élément, tout en restant conscients de l’évidence de nos limites.
La vocation de la BD est d’accompagner des phénomènes d’une réelle complexité à partir de l’observation. Or plus notre niveau de curiosité et notre champ de conscience sont élevés, plus nous allons rassembler d’éléments.
Nous sommes déjà tout à fait capables de redonner leur autonomie à des mécanismes biologiques et énergétiques qui apportent les bons résultats.
Alors bien sûr, il ne faut pas craindre d’accepter ce qui se présente, du plus rationnel au plus inexplicable et de s’en inspirer de façon parfois très intuitive pour trouver l’alliance. C’est une posture indispensable quand il s’agit de participer à une globalité dont la maîtrise nous échappe évidemment complètement.
Avec des préparations précises, nous allons favoriser la vitalité organique et minérale du sol, le rythme de croissance de la plante et nous allons utiliser le rapport spontané qu’elle entretient avec le soleil, la lune et les constellations.
Notre pratique agricole est influencée par le travail de Maria Thun, qui s’appuyait très largement sur les travaux antérieurs de Rudolf Steiner, parce qu’ils nous offrent une grille de lecture très pertinente qu’il a tout de même fallu transposer parce qu’aucun d’eux ne parlait spécifiquement de viticulture. Les gestes qu’ils nous inspirent ont pour objectif d’amener la vigne à se rapprocher de son potentiel archétypal, avec pour conséquence une influence décisive sur l’expression des vins.