La biodynamie

Qu’est-ce que la biodynamie ?

Je ne peux répondre qu’en mon nom, à la question de savoir ce qu’est la biodynamie. Plusieurs définitions sont possibles. C’est un mouvement en pleine évolution et ses acteurs ne sont pas engagés dans une identité de pratiques. C’est une question d’interprétation, d’adaptation, et tout ça est largement soumis à une progression des mentalités. Donc même s’il y a une explosion actuelle de l’adhésion des viticulteurs et des consommateurs à la biodynamie, on est encore dans le domaine des langages singuliers.

 

À Fonroque et à Mazeyres, la biodynamie c’est la mise en œuvre d’un outillage expérimental grâce auquel nous accompagnons les phénomènes naturels pour en extraire les résultats les plus convaincants en matière de résistance aux maladies, en matière d’accompagnement des processus de croissance et en matière de qualité.

 

Nous savons que la nature s’exprime dans les interactions et notre but est de prendre en considération tous les acteurs de cette conversation naturelle. Le sol, la plante, les personnes qui travaillent sur les lieux et l’environnement du plus proche au plus lointain, tout compte et entre dans le « corps » du projet. Donc nous sommes très attentifs, très concertés, nous ne sous-estimons aucun élément, tout en restant conscients de l’évidence de nos limites.
La vocation de la BD est d’accompagner des phénomènes d’une réelle complexité à partir de l’observation. Or plus notre niveau de curiosité et notre champ de conscience sont élevés, plus nous allons rassembler d’éléments.
Nous sommes déjà tout à fait capables de redonner leur autonomie à des mécanismes biologiques et énergétiques qui apportent les bons résultats.

 

Alors bien sûr, il ne faut pas craindre d’accepter ce qui se présente, du plus rationnel au plus inexplicable et de s’en inspirer de façon parfois très intuitive pour trouver l’alliance. C’est une posture indispensable quand il s’agit de participer à une globalité dont la maîtrise nous échappe évidemment complètement.

 

Avec des préparations précises, nous allons favoriser la vitalité organique et minérale du sol, le rythme de croissance de la plante et nous allons utiliser le rapport spontané qu’elle entretient avec le soleil, la lune et les constellations.

 

Notre pratique agricole est influencée par le travail de Maria Thun, qui s’appuyait très largement sur les travaux antérieurs de Rudolf Steiner, parce qu’ils nous offrent une grille de lecture très pertinente qu’il a tout de même fallu transposer parce qu’aucun d’eux ne parlait spécifiquement de viticulture. Les gestes qu’ils nous inspirent ont pour objectif d’amener la vigne à se rapprocher de son potentiel archétypal, avec pour conséquence une influence décisive sur l’expression des vins.

Les préparats biodynamiques

Dans son cours aux agriculteurs en 1924, Rudolf Steiner, le créateur de la biodynamie, a listé huit préparations dont le but était de faire évoluer le fumier en un compost particulier, c’est à dire en une substance transformée sur le plan microbiologique, mais également informée. L’idée était d’enrichir le sol qui allait nourrir la plante. Ces préparations agissent comme une escorte. Utilisées à des doses infinitésimales, elles délivrent un florilège d’informations et activent des mécanismes naturels, dans un contexte où, s’agissant d’agriculture, de domestication, ce que nous demandons à la plante ne relève pas de sa tendance spontanée.

 

Nous travaillons avec ces préparats dont six ne sont apportés que dans le compost et deux sont également pulvérisés sur la vigne. Les six préparats numérotés de 502 à 507, sont à base de plantes fermentées et agissent comme un levain. À partir de 1960 et pendant cinquante années de recherches, Maria Thun, pionnière du jardinage biodynamique et de l’utilisation des rythmes cosmiques et lunaires, a établi un lien entre ces plantes et certaines planètes du système solaire en ce qui concerne leur influence sur la plante. Mercure est associée à la Camomille, Vénus à l’Achillée, le Soleil à l’Ortie, Mars à l’écorce de Chêne, Jupiter au Pissenlit et Saturne à la Valériane. Cette grille de lecture est très créative et présente un grand intérêt structurel.

 

Les deux autres préparations 500 et 501 sont la bouse de corne et la silice de corne. Dans le premier cas, des cornes de vaches élevées en biodynamie sont remplies de bouse de vache et enterrées pendant l’hiver à environ 50 centimètres de profondeur, dans un lieu dédié du domaine. Dans le deuxième cas, les cornes sont remplies de quartz broyé très fin et enterrées pendant l’été dans les mêmes conditions. Ces cornes seront déterrées, leur contenu récolté et soit ajouté au compost, soit pulvérisé sur la vigne en doses homéopathiques après avoir été dynamisé.

 

Chaque préparation sert à renforcer un cycle de la vie de la plante. La bouse de corne favorise la période végétative, c’est à dire la croissance verticale, des racines vers le bas, des tiges et des feuilles vers le haut. La silice de corne favorise la fructification et le mûrissement des bois et des fruits.

 

Le sol étant issu de la dégradation de la roche mère par l’action combinée des champignons, des bactéries, des levures et des insectes, il est très vivant. C’est un sujet étonnamment sous-estimé, le sol étant souvent résumé à un substrat minéral. C’est comme si on ne s’intéressait qu’au squelette d’un individu. Traité de cette façon, le sol va offrir à la plante une meilleure résistance à tous types de stress, une meilleure capacité d’adaptation, en particulier aux changements climatiques.

 

L’état d’esprit est inversé par rapport aux pratiques intensives qui détruisent les sols et dopent la plante. Car même si l’opulence de la récolte est « agréable », elle n’a aucun intérêt si elle est obtenue sans qualité du fruit et sans préservation du terroir. L’argument écologique est donc évident et nous accompagne dans un effort de sublimation du vin, une recherche de profondeur, de belle texture, de profil racé, de longueur, d’équilibre et de raffinement.

Le calendrier lunaire

Pour expliquer le calendrier lunaire, il faut évoquer les quatre éléments.
Empédocle, cinquième siècle avant JC, décrit 4 éléments primordiaux qui sont selon lui la racine des choses : le feu, l’air, l’eau et la terre. Aristote dans le quatrième livre de sa Météorologie donne une approche qualitative des éléments en les associant à des qualités de chaleur, d’humidité, de sécheresse et de froid. Ces descriptions ont servi de base à la Science Naturelle du Moyen âge, au cours duquel les liens entre les éléments et les constellations ont été observés.

 

Traditionnellement, les constellations du Bélier, du Lion et du Sagittaire sont associées à l’élément Feu ; les constellations des Gémeaux, de la Balance et du Verseau à l’élément Air ; les constellations du Poisson, du Cancer et du Scorpions à l’élément Eau et les constellations du Taureau, de la Vierge et du capricorne sont associés à l’élément Terre.
L’influence des constellations est renforcée par le passage de la lune entre elles et la terre. Par exemple, si la lune est devant la constellation du Lion, tout ce qui exprime le feu dans la nature semble est un peu plus présent, plus marqué.
Les expériences menées par la chercheuse Maria Thun ont permis d’associer chaque organe de la plante à un élément et à une position de la lune devant une constellation.
La terre est reliée à la racine, l’eau à la feuille et à la tige, siège de la circulation de la sève, l’air à la fleur et à la volatilité de son pollen, le feu au fruit, le feu du soleil qui fait murir le fruit.

 

C’est sur cette base que va s’articuler la construction de notre calendrier d’interventions afin de profiter d’influences subtiles aussi vérifiables que quantifiables.

 

La cosmologie, l’astrophysique, la physique de la matière, l’astronomie et son Histoire, l’astrologie humaniste et la philosophie, nous indiquent clairement que nous devons nous intéresser à des choses que nous ne comprenons que partiellement pour espérer un jour les comprendre mieux.

 

La manière dont les effets de la lune sont renforcés par des alignements planétaires, fait partie de ce qui nous intéresse tout simplement parce que ces effets sont tangibles et même quantifiables. Sur ce point l’astrologie humaniste est pleine d’enseignements et nous apporte les fruits d’un chemin accompli autour de l’humain auquel nous pouvons, sans anthropomorphisme, appliquer quelques transpositions.